Sous-préfecture d’Antony : l’humiliation continue!

RESF (Réseau éducation sans frontières) dénonce l’indignité des conditions d’attente.

Lucie * renouvelle chaque année depuis 2002 son titre de séjour à Antony : elle y dépose un dossier actualisé et reçoit un récépissé de 3 mois, puis un deuxième, et enfin la carte de séjour d’un an valable encore 6 mois. Jusqu’à maintenant, une attente de 2 à 3 heures avant l’ouverture, puis encore quelques heures à l’intérieur pour obtenir son récépissé.

Et cette fois :

– Jeudi : 1ère démarche : arrivée à 7 h, elle s’entend dire à l’ouverture à 9h :”le jeudi, on ne prend que les gens qui ont déjà un récépissé, pas ceux qui déposent un dossier”.

– Vendredi : arrivée par le premier RER à 5 h 50 dans la queue, déjà longue. Impossible de compter les personnes devant, tout le monde fait des allers et venues, se fait garder la place. A 9h, distribution de 70 tickets. Elle doit repartir.

– Mardi : arrivée à 3h 45, avec fauteuil, thermos, ravitaillement, tricot. L’une attend depuis minuit 45, (dernier RER), assise par terre. Heureusement la nuit est douce. La 1ère personne de la file est arrivée à 18h 30 hier soir : son titre de séjour expire aujourd’hui même. Sans récépissé aujourd’hui, son employeur a prévenu qu’il la licencierait. Plusieurs dizaines de personnes dorment par terre, enroulées dans des couvertures ou des sacs de couchage : toutes sont déjà venues au moins une fois la semaine dernière. Un vieux monsieur arrive, il a du mal à marcher et à rester debout. Il demande si on peut lui garder sa place pendant qu’il va attendre dans une voiture. Des étudiants travaillent avec leur PC portable, des travailleurs se demandent s’ils vont perdre leur journée de travail.

Parmi les histoires qui circulent:

– Vendredi : une pétition a tourné pour proposer au sous-préfet quelques idées d’organisation de l’attente. 2 policiers sont venus demander l’initiateur, et devant le silence des signataires ont menacé : « …on peut vous expulser à cause de ça, on laisse le papier sur une chaise et vous pouvez venir rayer votre signature … »

– Une femme passe dans la queue pour expliquer son problème : elle est déjà venue 4 fois, elle ne peut pas laisser ses enfants seuls toute la nuit. Arrivant tard, elle n’a jamais pu passer. Son titre de séjour expire le lendemain. D’un commun accord, “la queue” lui a laissé une place.

– Une femme très enceinte. On ne l’a pas laissé passer à la file prioritaire car elle n’a pas sa carte de priorité. Les voisins s’offusquent: “Mais votre ventre est bien plus gros qu’une carte de priorité! Il faut retourner et insister !” Cette fois c’est bon.

– 9 heures : Lucie, numéro 75 est la dernière à entrer. Le vieux monsieur, encouragé par ses voisins de queue, a finalement pu passer dans la file des prioritaires.

– 10h 30 : Lucie a pu obtenir la liste de tous les documents qui peuvent être demandés pour un dossier. Pour ne pas prendre le risque d’un dossier incomplet, elle part récupérer un document. Elle se sent mal et vomit plusieurs fois. Pas question de se reposer:”Imagine que je loupe mon tour ? On aurait fait tout ça pour rien!”

– 17h 00 : plus que 2 personnes devant elle. Elle a dû téléphoner pour faire chercher les enfants à l’école. A 17h30, elle sort enfin, épuisée.

Plus qu’à attendre la prochaine étape. Dans 3 mois, puis dans 6 mois, puis dans un an , puis ….

• le prénom a été changé

Récit de M-A. C. , amie, citoyenne, accompagnatrice de Lucie. Révoltée.

Réseau Education sans frontières 92 sud n° d’urgence : 06 12 17 63 81 / 06 89 49 48 47

Permanences sur le site : http://www.educationsansfrontieres.org

Autre récit : http://www.rue89.com/2011/10/11/mes-nuits-blanches-la-sous-prefecture-dantony-administration-de-lahonte-225483