Ibrahim Maalouf publie un clip choc dans un futur gangréné par la peur

Par Laure Narlian @Nijikid Journaliste, responsable de la rubrique Rock-Electro-Rap de Culturebox

Publié le 15/12/2015 à 12H04

Le trompettiste Ibrahim Maalouf .

Le trompettiste touche à tout Ibrahim Maalouf vient de publier un clip choc pour illustrer sa reprise de “Run The World (Girls)”, l’hymne féministe de Beyoncé. Une vidéo très tendue qui concrétise dans un futur proche quelques unes des pires craintes qu’ont fait naître à la fois les récents attentats, l’état d’urgence et la montée de l’extrême-droite aux élections régionales.

Un futur terrifiant

Nous sommes en France en 2027. A la radio, on annonce une mesure gouvernementale : les personnes dites “différentes” seront contraintes de porter des badges de reconnaissance sur leurs vêtements.

Par ailleurs, des réseaux clandestins tenus par “des groupuscules féminins dissidents et non armés” sont sous surveillance. Malgré l’interdiction de tout rassemblement, ils “encouragent les mélanges entre populations différentes et Français de souche”, illégaux depuis 2020.

Fraternisation

Or, c’est précisément à ce genre de rassemblement clandestin de fraternisation que le clip nous amène. Mais en compagnie de policiers infiltrés. Dans une lumière crépusculaire mais chaude, éclairée à la flamme, le rapprochement interdit se fait, au son de la trompette envoûtante d’Ibrahim Maalouf, musicien né sous les bombes à Beyrouth.

Dans le clip, les policiers infiltrés fraternisent eux aussi au dernier moment, lorsque la danseuse française Hajiba Fahmy, fidèle des tournées de Beyoncé, leur tend les mains, conquis par cet état de grâce. Le bon sens et l’humanité semblent alors triompher de la peur.

Ibrahim Maalouf a lui même fait brièvement les frais de l’état d’urgence quelques jours après les attentats du 13 novembre : il a été retenu plusieurs heures par la police Gare du Nord alors qu’il devait embarquer dans l’Eurostar pour Londres. Comme il l’a raconté ensuite à Clique, il a appris à cette occasion que son passeport, qui lui a été confisqué, était signalé “Interpol positif”. Pour une raison qu’il ignore encore.