Avis de l’EFSA sur le Bisphénol A : Une décision ubuesque

Un communiqué du Réseau Environnement santé

L’agence européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA) vient de rendre un avis sur le BPA qui ne remet pas en question la Dose Journalière Admissible de 50 microgrammes par kilo et par jour (µg/kg/j). L’EFSA arrive à cette conclusion en écartant 95 % de la littérature, dont les conclusions devraient en toute logique conduire à une remise en cause de cette DJA, car des dizaines d’études mettent en évidence une grande variété d’effets à des doses même très inférieures à la DJA : cancer du sein et de la prostate, atteinte de la reproduction, diabète et obésité, troubles du comportement…Tous ces effets sont généralement consécutifs à une exposition maternelle pendant la grossesse, qui se manifester sur la descendance, voir même surplusieurs générations.

Par exemple , 34 études expérimentales ont été publiées sur les troubles du comportement chez l’enfant après exposition pendant la gestation sur plusieurs espèces : souris, rat et singe. 32 concluent à un effet , la quasi-totalité à des doses inférieures à la DJA . Une première étude chez l’homme a retrouvé ces effets chez l’enfant de 2 ans en corrélation avec l’imprégnation maternelle en BPA. Mais l’EFSA se débarrasse de ces preuves scientifiques indiscutables en invoquant des problèmes de méthodologie. Ces fameux problèmes de méthodologie correspondent au fait que l’EFSA ne reconnaît que les études menées selon un protocole obsolète mis au point dans les années 70 , incapable de voir des effets comme les troubles du comportements, mais qui a l’avantage d’être le protocole que suit l’industrie chimique et elle seule. L’EFSA fait ainsi le choix de s’appuyer sur une poignée d’étude issues de l’industrie chimique au mépris de toutes les règles de déontologie de l’expertise qui consiste à prendre en considération toutes les études publiées.

Ce comportement de l’EFSA sur le BPA est exactement de même nature que celui qu’elle a sur la question des OGM. La nomination d’une ancienne lobbyiste proOGM ayant dissimulé ses liens d’intérêts à la présidence du CA de l’EFSA montre que l’EFSA est aujourd’hui plus un lieu de lobbying qu’une agence en charge de la protection de la santé des européens.

Le RES va agir avec ses partenaires européens regroupés dans le réseau HEAL (Health Environment Alliance) pour continuer à mobiliser tous les citoyens européens afin que chaque pays prenne une décision d’interdiction dans les contenants alimentaires, comme le Parlement français a commencé à e faire en interdisant les biberons au BPA. Le RES demande que le Parlement Européen forme une Commission d’enquête sur la déontologie de l’EFSA.

Le RES va agir également auprès de la nouvelle agence en charge du dossier BPA en France , l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) afin qu’elle rende un avis conforme aux règles de déontologie.