La direction départementale des routes d’Ile de France réduit l’éclairage public pour faire des économies

Un article de Charles COHEN, paru dans  Décision Achats 12/05/2010

Pour diminuer sa facture d’électricité, la direction départementale des routes d’Ile de France (Dirif) va plonger dans le noir 130 km d’autoroutes et voies rapides en région parisienne. Une décision critiquée par l’Association Française de l’éclairage

Plonger des portions d’autoroutes dans le noir pour faire des économies. C’est le parti qu’a adopté la Dirif en n’éclairant plus, à partir de cette semaine, 130 km d’autoroutes et voies rapides en région parisienne.
Le tronçon ouest de l’A86 compris entre les autoroutes A15 et A14 est le premier axe routier concerné par cette décision. Une dizaine d’autres portions routières seront éteintes à leur tour d’ici l’été dans le sud de Paris. ” À terme, la moitié environ du réseau aujourd’hui éclairé ne le sera plus” précise la DIRIF dans un communiqué.

Réduire les dépenses d’électricité de 40 %

L’absence d’entretien des installations liée à la réduction drastique des budgets d’exploitation et le fréquent défaut de paiement des factures d’électricité seraient à l’origine d’extinctions permanentes de plusieurs tronçons péri-urbains. A travers cette décision, la Dirif viserait d’ailleurs, selon le site du Parisien, une réduction des dépenses d’électricité de 40 %.

Au-delà de l’argument coût, la Dirif invoque également la baisse du nombre d’accidents et la protection de l’environnement pour justifier sa décision. En effet, l’absence d’éclairage inciterait les automobilistes à limiter leur vitesse, favorisant donc une réduction du nombre d’accidents mortels. Plus encore, elle permettrait, à terme, une diminution de 45 % d’émissions de gaz à effet de serre.

Moins d’éclairage pour plus d’accidents ?

Un argumentaire qu’est loin de partager l’AFE, Association française de l’éclairage. « Une étude scientifique portant sur l’influence de l’éclairage sur le comportement des conducteurs menée par le Centre de Physiologie appliquée (CNRS de Strasbourg) démontre qu’il n’y a pas d’augmentation de la vitesse moyenne des automobilistes en présence d’éclairage », rappelle l’AFE dans un communiqué. Selon cette dernière, la meilleure visibilité en situation « éclairée » favoriserait également des comportements d’anticipation et permettrait ainsi l’optimisation des trajectoires, notamment en cas d’obstacle sur la route. Plus encore, l’éclairage public réduirait, voire supprimerait, le phénomène d’éblouissement provoqué par les feux des autres véhicules ou les lumières environnant la voie.

Une électricité d’origine nucléaire

Enfin, l’AFE rappelle que d’un point de vie environnemental, il est possible de répondre aux objectifs du Grenelle en matière d’éclairage sans pour autant éteindre les routes périurbaines à fort trafic. « L’éclairage public dégage peu de CO2 car l’électricité utilisée est d’origine nucléaire pour environ 86 % du temps de fonctionnement. Il existe même des luminaires équipés de panneaux photovoltaïques ou des système de gestion qui permettent de faire 40 % d’économies sur les consommations actuelles», précise l’association. Pour information, l’éclairage extérieur représente 1 % de la production total d’électricité en France.