La facture de la conférence de Paris Climat 2015 sera assumée en partie par le secteur privé.

 

La facture de la conférence de Paris Climat 2015 sera assumée en partie par le secteur privé. Un mode de financement qui fait grincer des dents les ONG, craignant une opération de camouflage aux couleurs écologiques.

L’addition de la lutte contre le changement climatique pourrait être un peu plus salée que d’habitude pour la France en 2015, qui accueillera en décembre la 21ème conférence mondiale sur le climat (COP21)

Un rendez-vous de la plus haute importance, tant sur le plan diplomatique que climatique. Il s’agira en effet de la plus grande conférence internationale du mandat du président François Hollande. Et les enjeux sont élevés, puisque les 195 pays participants devront s’accorder sur les mesures afin de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C.

Une mission risquée sous l’égide du gouvernement français, qui prépare depuis des mois cette grande messe climatique.

Budget de 187 millions

Avec un budget prévisionnel de 187 millions d’euros, la conférence internationale de Paris devrait accueillir environ 40.000 personnes venues de 195 États participants entre le 30 novembre et 11 décembre 2015.

Un événement que le gouvernement français a initallement prévu de financer sur les deniers publics. La dépense a été estimée à 179 milliards d’euros sur 3 ans, selon le projet de loi de Finances 2015.

La facture se divise entre la préparation, le suivi de la COP21, dont le coût est estimé à 20,5 millions d’euros, l’accueil des délégations étrangères (7,5 millions d’euros) et l’organisation pratique, qui constitue le pôle de dépense le plus important avec 151 millions d’euros d’autorisation d’engagement : location du site du Bourget, où se déroulera la conférence, aménagement des lieux, sécurité et transport locaux , etc.

Financements privés

Des dépenses considérables qui s’expliquent par le cahier des charges très strict imposé par la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). « La marge de manœuvre du pays hôte n’est donc pas considérable » avait reconnu le Sénat lors de l’examen du projet de dépense du gouvernement.

Pour les sénateurs chargés de l’examen du budget de la COP 21, le financement public semblait pourtant insuffisant pour assumer à lui seul la charge de la conférence. « Il est regrettable, qu’aucun partenariat financier ne soit envisagé dans le cadre de ce budget avec des tiers, […] par exemple avec des grands groupes français actifs dans le domaine de l’énergie ou de l’environnement, ce qui allégerait la part des financements assurés par l’État » détaille le Sénat, qui envisage un cofinancement privé à hauteur de 15%.

L’option de faire appel au secteur privé a finalement été retenue par le gouvernement français, qui table sur un cofinancement de 20% de la part du secteur privé à la facture totale de l’organisation de la COP, soit une quarantaine de millions d’euros.

Conflit d’intérêt

Fin mars, le secrétaire général de la COP21, Pierre-Henri Guignard, indiquait sur Twitter que les noms des entreprises partenaires seraient dévoilés dans les prochains jours. Mais pour l’heure, aucun nom de sponsors n’a été dévoilé. Le critère d’entreprise « climato-compatible » devrait être pris en compte pour retenir les éventuels sponsors. Selon le site d’Europe 1, certaines grandes entreprises françaises telles que LVMH ou Suez environnement seraient déjà sur les rangs.

« Mais aucune entreprise ne met de l’argent sur la table sans attendre un retour sur investissement en termes d’image » avertit Maximes Combes d’Attac. « La conférence devrait être financée uniquement sur les fonds publics afin d’éviter tout conflit d’intérêt » poursuit-il.

>>Lire: Mélange des genres en Pologne entre climat et charbon “propre”

En effet, le sujet reste sensible. Il avait pollué les négociations de la COP 19 en 2013 à Varsovie, où plusieurs entreprises loin d’être exemplaires dans leur engagement climatique, comme Arcelor Mittal (Inde), BMW (Allemagne) et International Paper (Pologne) avaient sponsorisé l’événement. Parallèlement au sommet climatique, le pays, grand consommateur de charbon, avait également organisé un sommet consacré à cette énergie fossile, provoquant la colère de la société civile et d’une partie des participants.

En France, plusieurs événement devraient associer de près les entreprises, tels que le Sustainable Innovation Forum (SIF), un événement organisé par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) à Paris en parallèle de la COP 21, ou encorte le Business & Climate Summit.

PROCHAINES ÉTAPES: 

  • 30 novembre – 11 décembre 2015 : COP 21 à Paris

EurActiv.fr

Cécile Barbière