Sensibilisation des supermarchés au suremballage

A l’occasion de la SERD (Semaine Européenne de Réduction des Déchets), et dans le prolongement de ce qu’elle avait fait en 2008/2009, la Ruche a décidé d’interpeller les gérants des 5 supermarchés de proximité de Vanves.

Après leur avoir adressé une lettre explicative, nous avons essayé de les rencontrer pour connaître leurs points de vue sur la question et savoir s’ils étaient prêts à s’investir pendant la SERD. Nous avons été reçus à Intermarché, Carrefour et LIDL (côté Clamart) et nous les en remercions. Nous n’avons pas réussi à convenir d’une date commune avec Franprix par manque de temps de notre côté. Enfin, en ce qui concerne le magasin LIDL de la rue Victor Hugo, carton rouge pour un rendez-vous plusieurs fois repoussé et finalement tombé à l’eau un certain 11 novembre au matin…

Les discussions ont été riches d’enseignements bien qu’il faille admettre le constat suivant : rien ou presque n’a bougé depuis 2 ans que nous nous intéressons à cette question. Les discours varient peu, les pratiques pas du tout.

Mais à qui la faute ? Producteurs, distributeurs, consommateurs ? Nos gérants de supermarchés, pourtant conscients de leur place centrale dans le système, ne se considèrent que comme des pions. A Intermarché, où la marge de manœuvre est pourtant plus grande qu’ailleurs puisqu’il s’agit d’une franchise, on nous dit que les distributeurs n’ont pas leur mot à dire sur les emballages (imposés par l’industrie). Pour le directeur de Carrefour Market, ce sont les consommateurs qui décident, ils sont habitués à une certaine image de marque, un environnement où faire leur course, ils souhaitent retrouver leur « confort produit », et ces habitudes sont difficiles à changer (mais le veut-on vraiment ?). Un signe qui ne trompe pas : il se vend plus de barquettes de carottes râpées que de carottes fraîches en vrac pourtant moins chères au kilo… Il est vrai que plus les produits sont travaillés, plus ils demandent un emballage important et complexe. Moins d’emballage signifie-t-il alors la fin des plats cuisinés ? Sans être aussi radical, c’est certainement une piste. Une autre proposée par notre interlocuteur de Carrefour Market est celle de la consigne ou d’emballages réutilisables… chiche ?

L’entretien avec le gérant de LIDL Clamart a été l’occasion de discuter du rôle réel des emballages. En effet, puisque tout le monde semble d’accord pour dire qu’il y en a trop, c’est qu’ils ne sont pas tous indispensables. Sans fonction de protection du produit ou de sécurité contre le vol, les emballages ne sont parfois qu’un outil marketing de plus : le produit est plus cher, il doit donc être plus beau, son emballage plus luxueux. Comparez les produits de grandes marques avec ceux du discount ou des marques distributeurs, c’est une évidence. Cependant, ne nous y trompons pas. Les motivations de LIDL ne sont pas écologiques mais bien économiques. Dans ce cas, une réelle taxation du suremballage pourrait-elle être un levier pour inciter tout le monde à la réduction ?

Ca, c’est ce que nous voyons quand nous faisons nos courses. Mais, que se passe-t-il côté livraison ? Nous apprenons que l’emballage utilisé pour le transport représente plus de 50% du volume total. Films plastiques autour des palettes, cartons de conditionnement, papier bulle… Chaque jour plusieurs tonnes sont utilisées et gaspillées. Voilà au moins une chose sur laquelle les distributeurs peuvent directement agir : à vos cahiers des charges messieurs, dames ! Exigez des livraisons propres et qui facilitent et accélèrent le travail du personnel qui met les produits en rayon. Boites démontables, réutilisables, films plastiques pérennes, etc. Réunissez-vous, invitez les élèves des formations d’éco-design, discutez avec les producteurs, les transporteurs. Vos bonnes idées gagneront petit à petit les rayons et les placards des consommateurs !

En attendant, permettez-nous, acheteurs, d’avoir le choix de consommer moins emballé en proposant différents types de conditionnement et en ne reléguant pas les produits les plus simplement emballés tout en haut ou tout en bas des étagères ! Mettez-les en valeur quand cela vous est possible. Diffusez des messages incitatifs, ça se fait dans d’autres pays.

Il faut que les supermarchés participent à la Semaine Européenne de Réduction des Déchets car ils peuvent vraiment être efficaces. Cette année, c’est Carrefour Market qui a montré le plus d’intérêt pour l’évènement. Nous en reparlerons sur le blog. Pour 2011, nous comptons sur nos supermarchés pour rivaliser d’inventivité et de motivation.

 

Lettre envoyée le 18 octobre 2010 aux gérants des supermarchés

Madame, monsieur,

La Ruche de Vanves, association d’alternatives écologiques et solidaires dont le site est : http://laruchedevanves.fr, réalise une enquête auprès des supermarchés vanvéens dans le cadre de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets qui se tiendra du 20 au 28 novembre 2010. Le principe de la Semaine est de sensibiliser tout un chacun à la nécessité de réduire la quantité de déchets que nous produisons et donner des clés pour agir au quotidien. Le site de cette semaine est http://www.reduisonsnosdechets.fr/serd/presentation-objectifs.html.

Le rôle que peuvent jouer les grandes surfaces dans cette réduction des déchets est très significatif. C’est pourquoi la Ruche de Vanves s’adresse à vous pour connaître et faire connaître par son site les actions que vous menez déjà et que vous comptez mener au delà de cette semaine de sensibilisation.

Comment abordez-vous la question de la réduction des déchets en tant que responsable du magasin ? Comment vous positionnez-vous par rapport à l’action du groupe dont vous faites partie ? Comment êtes-vous informés, mobilisés pour jouer un rôle dans la réduction des déchets ? Quelle est votre marge de manœuvre pour sensibiliser les consommateurs à la problématique de réduction des déchets et augmenter votre offre de produits moins emballés et leur visibilité ? Voilà les questions auxquelles nous aimerions avoir des réponses.

Voici quelques propositions (non limitatives) d’actions :

– Interpellation des centrales d’achat et fournisseurs pour qu’ils offrent un choix plus important de produits moins emballés,

– Mise en place d’une plateforme de déballage permettant aux consommateurs de déposer tous les emballages superflus dans le magasin,

– Campagnes de sensibilisation des consommateurs par des affiches pédagogiques,

– Étiquetage de produits moins emballés (stratégie « stop rayon »)

– Campagnes de promotions sur des produits moins emballés,

– Recherche de solutions alternatives aux sacs en plastique jetables pour les fruits et légumes,

– Actions pour remettre en place des consignes pour des bouteilles en verre.

La Ruche se tient à votre disposition pour tout renseignement concernant cette campagne. Vous pouvez nous contacter à laruchedevanves@yahoo.fr ou en écrivant à La Ruche, 55 rue Jean Bleuzen, 92170 Vanves. Mais vous pouvez également trouver beaucoup d’informations auprès du Centre national d’information indépendante sue les déchets (www.cniid.org).

Pour réaliser notre enquête, nous souhaitons vous rencontrer et nous nous permettrons de reprendre contact avec vous d’ici 15 jours au plus tard.

Nous vous remercions par avance de votre participation à cette enquête et nous vous prions de croire en nos meilleurs sentiments.

Sophie Aubin, présidente de la Ruche de Vanves

 

 

Compte-rendu des entretiens

A Intermarché, le magasin est franchisé, il a donc plus de marge de manœuvre pour effectuer une opération SERD qu’un établissement détenu directement par le groupe Mousquetaires. D’après la responsable, Mme Boudjema, le problème des emballages provient des fabricants car les distributeurs n’ont pas leur mot à dire sur les emballages des produits vendus en magasin.

Au LIDL de Vanves (côté Clamart), le gérant M.Baron n’était pas au courant de la SERD. D’après lui, LIDL accorde moins de soin à l’emballage et à la présentation de ses propres produits afin que le produit estampillé LIDL soit moins cher pour le consommateur, et aussi pour gagner du temps pour la mise en rayon. Les produits des grandes marques de l’agro-alimentaire comportent plus d’emballages que des produits LIDL bon marché. Signe s’il en est que ce sont bien les producteurs et autres grandes marques de l’agro-alimentaire qui peuvent décider de réduire les emballages de leurs produits. Pourquoi les grandes marques ont-elles recours à tant d’emballages alors que LIDL arrive à limiter les siens ? C’est en partie pour justifier le prix plus élevé de leurs produits. Elles pensent ainsi faire plaisir aux consommateurs… Pourtant les consommateurs se tournent de plus en plus vers des produits moins chers, contenant moins d’emballage. Ce sont donc aux consommateurs de faire entendre aux grandes marques leurs préférences pour que les choses changent. De leur côté les grandes surfaces sont de très grandes consommatrices d’emballages qui sont utilisés pour le transport : films plastiques autour des palettes, cartons de conditionnement, papier bulle… Chaque jour plusieurs tonnes sont utilisées et gaspillées. Ces emballages qui servent au transport représentent une part prépondérante des emballages totaux : environ 50% du volume total ! Pour ses propres produits, LIDL essaye de limiter les emballages liés au transport, à la fois pour gagner du temps lors de la mise en rayon, limiter la pollution et gaspiller moins d’argent. Pour Monsieur Baron même si une grande partie des emballages transport sont recyclés, il y aurait des solutions à mettre en place, par exemple en adoptant le plus possible des emballages réutilisables.

A Carrefour Market, le directeur M.Etchebane estime, à propos des emballages, que les consommateurs sont habitués à une certaine image de marque, un environnement où faire leur course, ils souhaitent retrouver leur « confort produit », ces habitudes sont difficiles à changer d’après lui. La paresse pousse les consommateurs à acheter des produits conditionnés ! Il se vend, par exemple, plus de barquettes de carottes râpées que de carottes fraîches en vrac pourtant moins chères au kilo… Même si ces produits sont proposés avant tout aux consommateurs par les entreprises de l’agro-alimentaire et les grandes surfaces, le consommateur est quelque part responsable de ses modes de consommation liés à la paresse. Pour limiter les déchets liés aux emballages, l’idée serait que les consommateurs achètent des produits qu’ils puissent directement transformer /cuisiner (fruits, légumes, viande, poisson…) Toutefois, pour certaine catégories, des emballages sont nécessaires…Et que les entreprises de l’agro-alimentaire vendent des produits en plus grande quantité, si possible  dans des emballages réutilisables : seau de yaourt, grande bonbonne d’eau en verre…La solution de la consigne de bouteilles en verre semble intéressante pour limiter la pollution par les déchets mais le problème est répercuté sur le transport => plus de consommation d’énergie => pollution CO2…etc