Comprendre les enjeux du festival : le film de Dominique Marchais "Le temps des Grâces"

Cet article est en lien avec la projection du film Le temps des Grâces Mardi 13 avril, 20h30 au Cinéma Municipal de Vanves (voir le programme détaillé).

Une enquête documentaire sur le monde agricole français aujourd’hui, à travers de nombreux récits : agriculteurs, chercheurs, fonctionnaires, écrivains… Un monde qui parvient à résister aux bouleversements qui le frappent – économiques, scientifiques, sociaux… – et qui, bon gré mal gré, continue d’entretenir les liens entre générations. Un monde au centre d’interrogations majeures sur l’avenir.
Dominique Marchais pose un regard personnel et documentaire sur le monde agricole français et ses bouleversements.

Quelques paroles entendues dans le documentaire :

« La paysannerie est la dernière qui s’est vue confier les instruments révolutionnaires, prométhéens, de l’expansion industrielle de l fin du siècle des Lumières et du début du XIXe s. Il doit être amer de s’entendre notifier qu’avec tout ça on n’a fait que saccager des paysages, altérer des ressources, compromettre le patrimoine naturel de l’humanité »
Pierre Bergounioux, professeur et écrivain,
Gif-sur-Yvette, Essonne

« L’intérêt du bocage c’est le paysage, la façon dont il a été modelé pendant des siècles par les paysans…
Si on laissait faire ceux qui vont suivre, en deux générations, tout serait rasé… »
Daniel Calame, éleveur et maire de St-Plantaire, Indre

« A chaque fois qu’on retire un hectare de surface agricole utile de sa vocation première, on concourt à aggraver le problème de l’alimentation qui va devenir un des problèmes majeurs de la planète dans les trois décennies qui arrivent. »
Henri Baron, ancien Président de Chambre d’Agriculture

Sur un marché international, l’avantage comparatif de la France est d’avoir une agriculture qui produit à petite échelle des produits d’excellente qualité sanitaire et gustative. La vocation de la France n’est pas de faire du dumping à des paysans pauvres. Les pays du tiers monde doivent se nourrir par eux-mêmes, notre vocation n’est pas de les nourrir. »
Marc Dufumier, enseignant chercheur AgroParisTech, Paris

« Si nous ne sommes pas capables de produire ce que personne d’autre dans le monde n’est capable de produire, nous n’avons aucune chance dans l’avenir. »
Lucien Bourgeois, économiste, Paris

« Une multinationale qui travaille dans l’agroalimentaire fait son business en se servant de l’image du petit paysan des Cévennes. Le goût est certainement différent… mais qui connaît le goût ? »
Patrick Libourel, éleveur à Lanuéjols, Gard

« Je pense que tant que les urbains n’auront pas pris à bras le corps cette question de leurs campagnes, et sans réconciliation de ces deux mondes, il n’y aura pas d’espoir… C’est quantitativement les urbains qui peuvent faire pression. Et comment leur réapprendre ? Il n’y a que l’éducation, l’école. »
Michel Corajoud, paysagiste, Paris

« Il faut 15 ans pour transformer une agriculture conventionnelle en agriculture bio. C’est passer d’un système qui marche à un système qui marche. Si on n’est plus capables de penser à échéance de 15 ans alors c’est foutu. Soit une société est capable de penser à 25 ans, soit elle ne pense pas.»
Matthieu Calame ingénieur agronome
Fondation Charles-Leopold Mayer, Paris