Grand froid et indifférence politique en France – Hébergement pour les migrants et sans-abris

RASSEMBLEMENT DIMACHE JANVIER 2010

Paris : 17h30 Sur le pont. Entre le quai de Valmy et le quai de Jemmapes. Près du métro Jaurès.

Une nouvelle fois, la France connaît une vague de grand froid. Une nouvelle fois, des personnes meurent en France. Une nouvelle fois des vies sont menacées en France du fait du manquement de l’Etat à ses devoirs les plus élémentaires et son absence de réponse aux nécessités premières : porter assistance aux populations les plus stigmatisées, défavorisées, délaissées. Offrir un hébergement d’urgence.

Alors que le plan grand froid est déclenché, et qu’aucun gymnase n’a été réquisitionné pour elles, des centaines de personnes, majeures et mineures d’origines afghanes, kurdes, irakiennes… errent dans les rues de Paris à la recherche d’un refuge, d’un abri, d’un lieu. Et c’est par la « force des choses », loin des regards et donc si proche – comme en écho aux nouveaux camps qui se pérennisent dans les bois de Vincennes ou de Versailles, aux abords des périphériques des villes de France… – sous les ponts, quai de Jemmapes, quai de Valmy, que des campements de fortune ont été créés, des tentes installées, que des feux sont, jours après jours, allumés. Non seulement pour se réchauffer et se protéger du vent, de la neige, de la pluie, et du froid à pierre fendre, mais aussi pour lutter contre l’indifférence, le cynisme, le mépris de l’Etat. A cœur fendre.

Car cette froideur climatique ne peut que renvoyer à la « froideur » intolérable, insupportable du climat politique actuel. Plus encore, elle désigne l’irresponsabilité absolue des pouvoirs publics, l’inanité, la schizophrénie et les conséquences ubuesques et pathétiques sur le terrain des politiques publiques mises en place aujourd’hui (immigration, logement…) : 115 qui amène des personnes sans abris dans le local ouvert pour cause de grand froid à Calais

(A rappeler : grève du 115 le 21 janvier 2010 pour protester contre le manque de moyens); police des frontières qui demande à l’association Salam d’héberger dans le lieu d’accueil d’urgence situé à Bailleul, des dizaines de mineurs afghans dont elle ne sait que faire, faisant courir par là-même le risque à celle-ci de passer sous le coup de la loi et du délit de solidarité…

Nous appelons à ce que les pouvoirs publics fassent preuve de responsabilité politique et fournissent immédiatement un lieu où les migrants puissent trouver refuge et s’abriter du froid.

Nous appelons à ce que des gymnases, salles polyvalentes etc. soient ouverts dans les délais les plus brefs, de jour comme de nuit (Loi DALO !!!), partout où c’est nécessaire, de façon à ce que soient mis hors de danger les personnes exposées à une mort certaine.

Nous nous réservons le droit d’user de tous les moyens à notre disposition pour faire aboutir ces demandes légitimes et obtenir des rendez-vous auprès de la DDASS et institutions concernées.

Nous appelons toutes les associations, collectifs, citoyens à nous rejoindre rapidement, afin de nous aider à construire cette mobilisation aussi urgente que nécessaire.

Arrêt des rafles, chasses à l’Homme et expulsions.

Respect du droit d’asile.

Hébergement pour tous.

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Comment peut-on être Afghan à Paris

Paris, Canal St Martin

Ils sont jeunes, certains ont à peine quinze ans, aucun plus de trente. Les plus chanceux ont une écharpe et un bonnet. Presque pas un n’a de gants. Le thermomètre pointe zéro. Qu’est-ce que ça change ? De toute façon, ce n’est pas le maigre brasier, deux planches minables, quatre cageots humides qui vont les réchauffer.

Ils sont cent cinquante à peu près. Cinq cents dans tout Paris, à marcher dans des tennis troués, à tourner, sans trouver où s’arrêter au chaud.

Ils sont Afghans.

Ils ont lâché leur vie, leur famille, leurs amis, leur pays. La plupart viennent de régions contrôlées par les talibans. D’autres non. Quelle importance. Des bombes sautent à Kaboul. C’est tout le pays qui s’abandonne à la guerre.

La France, c’est-à-dire nous, les poursuit comme des criminels. Menottes, avion : c’est aux barbus qu’on les remet puisque les intégristes sont les seuls à leur ouvrir les bras.

Souvenez vous de ce temps : on appelait encore un mineur un enfant. Aucun ministre alors ne se serait permis de nous laisser croire qu’il est bon de laisser un enfant l’hiver dans la rue. Même étranger.

Et il y a certainement eu une époque où on appelait un immigré un homme. Même s’il était sans papier.

Ces enfants, ces hommes sont venus chez nous portés par l’espoir d’échapper à la violence. D’étudier. De mener une vie paisible. D’être dignes. Ce ne doit pas être trop demander.

Ne jetons pas dans les eaux du canal le manteau que St Martin a partagé avec un pauvre.

Atiq Rahimi

Signatures par mail : afghans.paris@gmail.com

Ou sur : http://sites.google.com/site/afghansparis/

Signatures :

Jane Birkin

Jean-Claude Carrière

Nahal Tajadod

Marjane Satrapi

Jean Charles Blanc

Jacqueline Blanc-Mouchet,

Jacques Higelin

Mathias Malzieu, Dionysos

Olivia Ruiz

Yann Arthus-Bertrand

Serge Orru, directeur de WWF France

Jeanne Aléos

Olivier Jobard, photojournaliste

Sibylle d’Orgeval

Clémentine Deroudille

Jack Souvant, metteur en scène

Priscilla Telmon

Ignes G.Zupanov

Christophe A.Guilmoto

Francine Deroudille

Olivier Daviaud, compositeur

Arlette Namiand

Ambassade de la RI Afghanistan, Paris

Agustin Legrand, Europe Ecologie …