Bio : la demande augmente, les importations aussi

Un article  de Véronique Smée, mis en ligne le 08/06/2009 dans Novethic

En croissance de 10% par an depuis 10 ans, le marché du bio affiche pour 2008 une hausse de 25%, malgré la crise. La santé, le goût et la protection de l’environnement expliquent ce succès, facilité par l’étendue des réseaux de distribution. Mais cet engouement est aussi synonyme d’importations, d’émissions de gaz à effet de serre et de bio « low cost ».

+ 25% en 2008, un chiffre d’affaires qui atteint 2,6 milliards d’euros (1,9 milliard d’euros en 2007) : le succès des produits alimentaires bio ne se dément pas malgré la crise. « C’est un nouveau décollage », se félicite l’agence Bio, qui a lancé le 10ème Printemps bio (première quinzaine de juin en France). La hausse de la consommation bio a profité à tous les circuits de distribution, avec une croissance de 39% du chiffre d’affaires dans les super et hypermarchés par rapport à 2007 et de 40% en circuits de distribution spécialisées (franchisés et indépendants). Des chiffres qu’ils faut toutefois relativiser : la part de marché des produits bio sur l’ensemble du marché alimentaire n’atteint que 1,7% (contre 1,1% en 2005).
Le lait, les produits laitiers et les oeufs arrivent en tête des produits bio les plus consommés, (23%), suivis par les fruits et légumes (17%), les produits d’épicerie sucrée et salée (18%) et le pain et la farine (13%). Le vin bio représente 10% des ventes en 2008 tout comme les viandes rouges et blanches, la charcuterie-salaison. Viennent ensuite les autres boissons (4% des ventes), les produits ”traiteur” (3%) et les produits surgelés (1%). La restauration collective, elle aussi, progresse : 36% des restaurants collectifs ( 26 000 établissements) proposent désormais du bio, « au moins une fois de temps en temps ». L’agence Bio projette pour 2012 un taux de 71%, du aux objectifs du Grenelle de l’environnement. D’ores et déjà, les établissements scolaires arrivent en tête de la restauration collective : 46% d’entre eux ont intégré au moins ponctuellement des produits biologiques dans leurs menus et 41% des structures publiques en font autant, selon l’enquête.

Bilan carbone

Cette hausse de la demande a un impact sur l’offre : les surfaces actuellement en conversion à l’agriculture biologique ont augmenté de 34,6% en 2008 par rapport à 2007 et le nombre de producteurs bio s’élève à près de 13 300 (en augmentation de 11%). Pour autant, la situation française reste très en deçà de ses voisins : la surface agricole dédiée au bio représente 2,17% de la SAU (surface agricole utile) sur le territoire et 8% des terres agricoles européennes. En comparaison, l’Italie affiche déjà 17%, l’Allemagne 14% et l’Espagne 12%. Conséquence : les produits bio sont massivement importés de pays européens mais également de pays plus lointains, comme l’Argentine, Israël ou la Nouvelle-Zélande, et affichent un bilan carbone alourdi par le transport… 30% des produits bio consommés en France sont importés en moyenne, selon les chiffres de l’agence Bio. Un taux qui atteint 75% pour les jus de fruits, 60% pour les fruits et légumes et les produits d’épicerie sèche. Par ailleurs, plus du tiers des importations sont des produits exotiques (agrumes, café, thé, cacao…).
A ce sujet, si la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique) se félicite des progrès enregistrés par l’agriculture biologique française, elle estime qu’ « il faut désormais travailler à une meilleure adéquation entre l’offre en matière première et la demande des consommateurs et des transformateurs. Mais ces derniers doivent accepter de jouer la carte de l’augmentation de la production de proximité et ne pas chercher seulement à profiter de prix plus bas dans d’autres régions du monde », souligne la Fédération. Et à terme, risquer de voir se développer une agriculture bio « low cost », loin des critères requis.

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